dans l'aire, par les grands
frets1 de décembre et de janvier. Le mieux était de mettre des
souliers mous2, ou encore des
canisteaux3.
Le soulier mou ne couvrait que le pied. Cela suffisait, l'été. Mais, l'hiver, il y avait la neige, dont il fallait se garantir les chevilles et les jambes. On ajoutait des
hausses4, que nos gens du Labrador appellent des
mitasses. On attachait quelquefois de simples
césains5 aux souliers de peau
crute6,
tannés7 ou non.
Pour aller à l'église, on mettait des souliers français, et, plus tard, sous la nouvelle domination, ce furent des
bottes anglaises8. A la maison, des galoches.
Comme toute cette chaussure se faisait à domicile, la cordonnerie occupait une place importante dans l'économie domestique. Dans la plupart des demeures, il y avait le banc du cordonnier, avec son rond de cuir, au bout, pour s'asseoir. Sa garniture consistait en
alingues9, perçoir, fil poissé, petit maillet, tranchant, chevilles, forme, marteau, et tout le cuir, empeigne, semelle et
renforts10, dont il pouvait y avoir besoin.
Architecture
Ce sont les artisans de France, qui ont élevé les grandes cathédrales gothiques que les canons prussiens n'ont pas été capables d'abattre toutes. Les paysans possédaient, eux aussi, à n'en pas douter, des âmes d'artistes ; mais ils n'eurent jamais
1. – Froids. Le t sonne.
2. – De peau non tannée. On les appelait aussi souliers de boeufs, ou moquasin, en anglais mocasson, mot tiré du souriquois.
3. – Chaussure faite, le plus souvent, avec un genou d'orignal, ou de chevreuil, le poil en dedans.
4. – Jambières.
5. – Morceau de peau de bête, en forme de langue, posé à la partie supérieure de la chaussure, pour garantir le pied.
6. – Crue.
7. – Les peaux de bêtes sauvages se tannent aussi à la main, par friction.
8. – Bottes en cuir tanné, avec jambière.
9. – Petit poinçon recourbé par le bout, servant à perforer l'empeigne : alène.
10. – Pièce de cuir que l'on colle au talon, pour le renforcir.