page



– 233 –


les foins et les métives, ou tout au moins après les patates arrachées.
Les longues soirées d'automne et d'hiver se passaient joyeusement, les enfants et les petits enfants allant souvent veiller chez les grands parents, où se réunissaient aussi les plus proches voisins.
On jasait1 ; on tirait des détours2 ; on chantait des chansons de France, des complaintes3, et l'on contait des contes. Un bon conteux de contes était, dans ces réunions, ce qu'est à l'opéra, un premier ténor. Les contes roulaient le plus souvent sur le merveilleux, le sorcelage4, sur quelqu'un d'empigeonné5, les apparitions, les monstres, les giants. Brrr ! Les enfants en perdaient l'endormitoire6.

Jeux et Amusements

Pour la jeunesse c'était la galance ou galancine7, l'arbre fourchu8, planter le chène9, la bombe10, beurdasser, ou berdasser11, le couteau-planté12, les osselets.

1. – Jaser s'emploie partout où le français met causer. Ce dernier mot est ici inconnu.
2. – Faire des mots d'esprit, de l'esprit.
3. – Pour les chansons de France et les complaintes, voir au Chapitre : LA POÉSIE.
4. – Sorcellerie. Nous employons aussi ce dernier mot, mais l'autre de préférence.
5. – Auquel un sort a été jeté.
6. – Le sommeil, le pouvoir de dormir.
7. – Escarpolette.
8. – Tout ceux qui ont été enfants savent ce que c'est.
9. – Se tenir sur la tête et les mains, les pieds en l'air.
10. – ?
11. – ?
12. – Lancer un ganif en lui faisant faire un ou plusieurs tours sur lui-même, de façon qu'il tombe sur la pointe et s'enfonce dans la pelouse ou sur le plancher.




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.