un grand
pot', un
pot-à-thé1, une
poêle2, une
tortière3, une
coquemard4, et, à côté, pour laver les plats, une petite
bâille5. On faisait, quelquefois, cuire les
torteaux, même le pain, dans la cendre bien chaude de la
maçoune6, l'hiver.
L'été, c'est le four qui
régnait7 ; non pas le four banal du seigneur ; mais le four particulier, chaque cultivateur ayant le sien propre, en hommes tout à fait libres qu'ils étaient tous. Les enfants apportaient des
ripes8 et des
écopeaux9 pour l'allumer ; on en enlevait les charbons et la cendre avec un
guipon10.
Les bons pains dorés ! Les bons
torteaux qu'on en tirait ! Il y en avait pour toute la semaine, d'une seule fournée.
Le beurre était en abondance: il y avait toujours une
battelée11 qui attendait dans la baratte.
Nulle part au monde il ne se faisait de meilleure
amelette12 au lard qu'en Acadie.
Les
habitants13 du même quartier de la
parouesse14, s'entendaient tacitement pour ne pas
faire boucherie15, en même temps, afin d'échanger entre eux le
morceau du voisin. Grâce à cette coutume où il entrait discrètement beaucoup de religion et de
1. – Théière. De l'anglais tea pot.
2. – Poèle à frire, poélon.
3. – Casserole.
4. – Que les Canadiens appellent bombe.
5. – Cuve.
6. – L'âtre.
7. – Le verbe régner a plus d'étendue ici qu'à l'Académie.
8. – Ruban que le rabot enlève des planches rabotées.
9. – Copeau.
10. – Gros torchon.
11. – Quantité de beurre que donne une barattée (pleine baratte). Les Canadiens disent une battée.
12. – Omelette. Amelette est la plus ancienne forme française du mot : "Une amelette d'oeus." Bibliot. des Chartes, XVe siècle.
13. – Le mot habitant ne comporte pas ici la signification qu'il a au pays de Québec. L'habitant canadien est le fermier d'Acadie.
14. – C'est l'ancienne manière dont paroisse se prononçait en France.
15. – Faire boucherie, c'est tuer un cochon, ou une bête à corne.