Beaucoup de termes marins furent, dès le commencement de la colonie, transportés du large à terre, où ils sont demeurés. A vrai dire, un assez bon nombre avaient déjà atterri, en France même. Leur sonorité, leur plus grande énergie, les avaient fait préférer à leurs synonimes terriens, auxquels ils s'étaient substitués.
Nous
embarquons en voiture, au lieu d'y monter. En France, on
s'y embarque, avec le même verbe au pronominal ; Madame de Sévigné "
s'embarque dans la vie " ; Jean-Jacques Rousseau "
s'embarque dans des réflexions philosophiques ".
Nous
débarquons, de la même façon, aussi bien de cheval, d'un objet où nous sommes juchés, de voiture, que d'un vaisseau, ou d'une barque.
Mâter, c'est proprement
aplomber comme un mât, relever verticalement un objet par un bout, dans le sens de sa longueur, par opposition à
canter1. Au figuré, un cheval se
mâte, quand il se redresse sur ses jarrets, et une personne se
remâte, comme un animal se
regriche2, lorsqu'elle se redresse pour se défendre, résister, ou attaquer.
Nos voitures
chavirent, tout comme nos embarquations, au lieu de verser ; mais un homme aussi se
chavire. Une personne
chavirée est celle qui a
perdu la tête3. Nous disons aussi : la tête
me chavire pour me tourne.
1. – Canter, poser de champ, relever ou pencher par le côté. On cante aussi sa chaise, en la renvoyant en arrière.
2. – Se rebiffe, regimbe.
3. – C'est ici le sens propre de chavirer.