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A terre, ce sont également des échoueries qu'on trouve dans les familles, où les marmots sont nombreux et mal débarbouillés, des échoueries d'enfants.
En mer, on embarde un vaisseau. Un Acadien s'embarde lui-même sur terre, quand il se braque1 dans une folle aventure. Prendre des embardées, c'est faire des mouvements risqués, s'engager dans une direction téméraire ou folle.
Quand une embarcation tient bien la mer, elle peut étaler2 une tempête. Celui qui dans un choc peut résister à l'obstacle, ou le surmonter, l'étale. On étale à la fièvre, quand on en peut guérir. On étale à un mauvais temps. On dit aussi absolument : Je suis capable d'étaler.
L'on prend des amets3 sur terre, comme sur mer.
Il y a le grand bord, la pièce principale, à la maison, comme il y a le vaisseau de haut bord, et l'on prend le bord de quelqu'un, lorsqu'on prend son parti, ce qui équivaut, sur mer, à monter à son bord. Virer de bord, c'est revenir sur ses pas, comme, sur mer, c'est prendre une direction opposée à celle que l'on suivait. Se reculer d'un bord, c'est se mettre de côté, se ranger.
On a du largue4, quand on a du reste, de la marge, et on largue un objet, quand on le laisser aller, qu'on le lâche.
- Elle entra les voiles en ciseaux5, pendant que son galant6 s'avançait vers elle rien que sur une griffe, me disait un paysan en parlant d'une coquette et d'un faraud7.

Flore, Grainage8 et Légumes

A l'exception de Lescarbot, premier historiographe de l'Acadie,

1. – Le verbe est surtout pronominal, en Acadie, et signifie se diriger vers, prendre une direction généralement mauvaise : Prends garde où tu te braques.
2. – Opposer une résistance égale à l'effort contraire, ou à celle de l'obstacle.
3. – Points de repère.
4. – On dit aussi, presque dans le même sens, avoir de l'arce. Ici c'est avoir de l'espace suffisamment d'espace.
5. – Avec un air conquérant.
6. – Prétendant, amoureux.
7. – Vaniteux.
8. – fruits sauvages




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.