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mal-à-main1. Nos gens fendaient le bardeau2 avec un fran3, avant l'introduction des scieries mécaniques. C'était le temps où le marrain4 s'équarrissait à la grand-hache5, après avoir été gobé6 avec une hache ordinaire. On faisait usage d'un hachereau7, quand il n'y avait pas de marteau sous la main.
C'est avec une arminette8 qu'on ébavait9 l'extrémité des pièces, quand on piquait10 une charpente11, et c'est avec un triquet12 qu'on rêzait13 les planches qu'on voulait embouffeter14, après les avoir bien délignées15.
Une plane s'appelle ici une plaine.
Les charpentes, faites de grosses pièces de pin, étaient garnies de guettes16 et d'étançons bien posés, bien chevillés, bien cointés17, ce qui leur donnait une solidité à toute épreuve. Pour enfoncer les coins, on se servait d'une mailloche.

1. – Incommode à manier.
2. – Ais mince et court dont on se sert pour bardocher les maisons. Les Canadiens disent bardoter.
3. – Sorte de chevalet armé d'un long couteau.
4. – Merrain, a se substituant à e devant la consonne r.
5. – Hache à équarrir, au taillant plus grand que celle dont on se sert pour bucher.
6. – Entaillé de petites coches sur le côté qu'on veut équarir.
7. – Petite hache avec taillant d'un côté et tête de marteau de l'autre ; le mot est français.
8. – Herminette. Toujours l'a se substituant à l'e devant la liquide r.
9. – Tailler en biseau. C'est l'équivalent du verbe anglais to bevel, et les deux mots ont la même origine. Ebavage a plusieurs emplois en Acadie. On ébave un fossé, un angle saillant, etc ; le mot manque à la langue académique.
10. – Préparer les pièces de façon à ce qu'elles s'ajustent.
11. – Corps, squelette d'un bâtiment.
12. – Traceret (gage, en Anglais).
13. – Marquer à la cordie, faire des rezes,ou des raises, tracer des lignes. à suivre.
14. – Ou embouveter ; planches dans lesquelles on faisait des rainures avec un bouvet.
15. – Rendre les bords droits.
16. – Brace, en anglais. Soutien de charpente, étançon. D'origine germanique.
17. – Assujettis avec des coins.




Source : POIRIER, Pascal. Le parler franco-acadien et ses origines, s.n., s.l., 338 p.