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  LE GRAND DÉRANGEMENT 15
L'instruction 41ième à CORNWALLIS lui ordonnait d'afficher dès son arrivée à Chébouctou (Halifax) une déclaration dont on lui transmettait la formule, commandant aux Acadiens de prêter serment d'allégeance absolu au roi d'Angleterre dans l'intervalle de trois mois à partir de la date de la déclaration, ou d'un délai plus long s'il le juge nécessaire.

Et l'instruction 42ième se lit comme suit: "Et vous devrez faire connaître, ainsi qu'à Nos commissaires du commerce et des colonies, par l'entremise de l'un de Nos principaux secrétaires d'État, les effets de cette déclaration afin que Nous soyons en mesure de vous transmettre à l'avenir Nos INSTRUCTIONS à l'égard des habitants français qui ne seront pas soumis à ces conditions dans l'intervalle assigné. En attendant vous devrez considérer que les dits habitants français de la Nouvelle-Écosse ont omis depuis longtemps de transporter leurs effets hors de cette province, dans quelques parties des possessions françaises, dans le délai prescrit par le traité d'Utrecht, et si, malgré tous les avantages que Nous leur offrons de devenir de bons sujets, quelques-uns des habitants français expriment le désir de sortir de Notre province, vous devrez, par tous les moyens en votre pouvoir, empêcher qu'aucun dommage ne soit fait à leurs maisons et à leurs propriétés avant leur départ."

Donc CORNWALLIS avait ordre de laisser partir nos pères si ceux-ci préféraient se retirer dans quelques parties des possessions françaises. Un bon nombre des Acadiens se rendirent sur l'isthme de Chignictou, que la France réclamait n'avoir pas cédé à l'Angleterre par la paix d'Utrecht. Cela déplut à CORNWALLIS qui fit défense aux habitants français de quitter la péninsule.

On sait que Hopson remplaça CORNWALLIS en 1752, et les instruction royales qui lui furent transmises sont identiques à celles données à son prédécesseur, à l'exception de l'omission du dernier paragraphe de l'instruction 42ième, qui commence ainsi: "En attendant, vous devrez considérer que les dits habitants français de la Nouvelle-Écosse, etc., etc."

Cette instruction 41ième à CORNWALLIS est la 69ième donnée à Hopson. Cette omission de laisser partir les Acadiens est significative.

CHAPITRE CINQUIÈME.

Correspondance de Lawrence. Les Acadiens sont "sa bête noire".

À présent, jetons un rapide coup d'oeil sur la correspondance échangée entre Lawrence et Robinson, après la reddition des forts de Beauséjour et de Gaspareau, les 16 et 18 juin 1755.





Source : GAUDET, Placide. Le Grand Dérangement : Sur qui retombe la responsabilité de l'Expulsion des Acadiens, Ottawa, Ottawa Printing, 1922, 84 p.