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42 LE GRAND DÉRANGEMENT  
sion des Acadiens, et pourtant c'est ce que l'éditeur d'Acadie a entrepris de faire.

Le grand pontife Léon XIII, par sa lettre SAEPE NUMERO, le 18 août 1883, dit: "La première loi de l'Histoire, c'est de ne pas mentir; la seconde, de ne pas craindre de dire la vérité."

C'est ce que je me suis efforcé de faire dans cette étude.

Le même Pape écrit au savant bénédictin DOM GASQUET, comme suit:

"Publiez des archives du Vatican tout ce qui a quelque valeur historique, que cela jette du crédit ou du discrédit sur les autorités ecclésiastiques. Si les évangiles étaient écrits de nos jours, on justifierait le reniement de Saint Pierre et on passerait sous silence la trahison de Judas pour ne pas offenser la dignité des Apôtres."

Quiconque, à l'aide de documents dont on connaît l'existence, se livre à une étude sérieuse et approfondie pour savoir sur qui faire retomber la responsabilité de la déportation des Acadiens, se pose les questions suivantes:

Est-ce sur le roi George? Est-ce sur sir Thomas Robinson? Est-ce sur le comte d'Halifax? Est-ce sur Boscawen ou est-ce sur Lawrence? La suite de cette étude le démontrera.

Jusqu'à présent il m'a été impossible d'établir par un document quelconque que Lawrence reçut des instructions secrètes soit du secrétaire d'État, soit du comte d'Halifax, président des lords du Commerce et des Colonies. Peut-on supposer qu'il y eut entente entre les autorités britanniques et Lawrence pour que celui-ci préparât et exécutât la déportation sans en donner connaissance au cabinet anglais, excepté quand tout serait fini? On sait que Lawrence garda le silence pendant trois mois. Dans ce cas, la dépêche de Robinson à Lawrence du 13 août serait du simple camouflage et cela semble incroyable. Et que penser de la lettre de Lawrence au comte d'Halifax du 9 décembre 1755, où il s'excuse de son long silence? Serait-ce aussi du camouflage? Si oui, le silence de Lawrence était chose convenue et le lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse aurait été assez habile pour ne pas se trahir.

Si la dépêche de Robinson du 13 août et celle de Lawrence du 9 décembre au comte d'Halifax ne sont pas du camouflage, alors il me paraît évident que Lawrence serait celui sur qui doit retomber la responsabilité de la déportation, à moins qu'il eût reçu des instructions secrètes, et rien ne le prouve.

Lawrence savait, à l'avance, que les Acadiens refuseraient de prêter un serment sans restriction, et en ordonnant à ceux-ci de se choisir des délégués et de les envoyer devant le conseil à Halifax,





Source : GAUDET, Placide. Le Grand Dérangement : Sur qui retombe la responsabilité de l'Expulsion des Acadiens, Ottawa, Ottawa Printing, 1922, 84 p.