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46 LE GRAND DÉRANGEMENT  
Nous avons vu que la lettre de Lawrence, du 18 octobre 1755, parvint au secrétaire d'État le 16 novembre, tandis que les lords commissaires du Commerce et des Colonies ne reçurent la leur que le 20, et ils la lurent le 25. Et, le 26 du même mois de novembre, c'est-à-dire une journée après en avoir pris connaissance, Dunk Halifax, J. Pitt, James Oswald et T. Pelham, lords commissaires du Commerce et des Colonies, par leur lettre datée de ce jour au nouveau secrétaire d'État, l'honorable Henry Fox, recommandaient à Sa Majesté le roi George d'élever Charles Lawrence au poste de capitaine général et de gouverneur en chef de la Nouvelle-Écosse. "Nous soumettons, disent-ils, humblement à Votre Majesté, de nommer Charles Lawrence, écuyer, le présent lieutenant-gouverneur, à la position de capitaine général et de gouverneur en chef de la dite province; sous tous les rapports, il mérite hautement cette position." 50

Le 18 décembre 1755, la Cour de St. James, par un ordre en Conseil, approuve la recommandation des lords commissaires et leur ordonne de préparer une commission et des instructions pour le nouveau titulaire. 51

Lawrence fut nommé capitaine général et gouverneur en chef de la Nouvelle-Écosse, le 7 janvier 1756 52, et le 25 mars 1756, les mêmes lords commissaires, par leur dépêche de ce jour à Lawrence, montrent clairement qu'au lieu de le blâmer ils appuient sa conduite. Voici: "Nous avons communiqué au secrétaire d'État la partie de votre dépêche qui a trait à l'enlèvement des habitants français, et aux moyens mis en oeuvre pour l'exécution de cette décision. Puisque vous affirmez que cette opération était indispensable pour assurer la tranquillité et la défense de la province dans la situation critique de nos affaires, nous ne doutons pas que Sa Majesté approuve la conduite que vous avez suivie." 53

Je ne connais aucun document venant du secrétaire d'État ou des lords commissaires blâmant ou réprimandant Lawrence pour ce crime. Je suis convaincu qu'il n'en existe pas.

En disant que Lawrence "mérite hautement cette position," les lords commissaires du Commerce et des Colonies n'approuvaient-ils pas clairement l'expulsion des Acadiens? Car autrement comment auraient-ils pu recommander qu'un tel homme fut élevé au poste


(50) Nova Scotia A., vol. 58, fol. 157.
(51) Nova Scotia A., vol. 58, fol. 174.
(52) Ibid., E., vol. 7, fol. [?].
(53) Ibid., A., vol. 59, fol. 18.




Source : GAUDET, Placide. Le Grand Dérangement : Sur qui retombe la responsabilité de l'Expulsion des Acadiens, Ottawa, Ottawa Printing, 1922, 84 p.