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4 LE GRAND DÉRANGEMENT  
part au duc de NEWCASTLE ?, secrétaire d'État, de son projet de déporter les Acadiens du disctrict de Chignictou quelque part en la Nouvelle-Angleterre, de les disperser dans les quatre gouvernements et de les remplacer par autant de famille de la Nouvelle-Angleterre. Shirley exprime la confiance que par ce moyen ce nouvel établissement anglais de Chignictou prendra bientôt des développements considérables en raison des mariages mixtes qui se feront avec des personnes des autres districts et que la plus grand partie des familles issues de ces mariages deviendraient, en grande partie du moins, après deux ou trois générations, des Anglais protestants.

Cette lettre parvint au duc de NEWCASTLE le 4 octobre (N.S.) 1747 (ou 23 septembre V.S.) 4 et le 14 (N.S.) du même mois, (soit le 3 octobre vieux style) en collaboration avec lord Anson et sir Peter Warren, le secrétaire d'État rédigea une longue dépêche à Shirley, "dépêche humblement soumise à l'approbation de Sa Majesté." J'en extrais les passages suivants:

"Sa Majesté a pris en considération votre dépêche du 19 juillet (N.S.) ou 8 juillet V.S., par laquelle vous nous dites qu'il faudrait déporter les habitants français de Chignictou dans la Nouvelle-Angleterre et les disperser dans les quatre provinces, et que les 2,000 hommes qui seraient envoyés de la Nouvelle-Angleterre pour chasser les troupes françaises de Chignictou, devraient se partager ce district entre eux, à condition qu'ils s'y établissent avec leurs familles de la manière qu'on leur indiquera. Et bien qu'un tel changement des habitants de cette partie de la province qui est la plus exposée à l'ennemi, soit à la vérité très désirable, il est cependant à craindre que ce projet ne puisse être exécuté sans grande difficulté ni sans fanger dans ce moment-ci, alors que les émissaires français s'efforcent de faire renoncer les habitants à leur allégeance à Sa Majesté. Et il n'y a pas de dout qu'on interpréterait cette démarche comme une preuve indéniable qu'on veut enlever aux habitants de cette province la possession de leurs propriétés; comme vous savez, cette rumeur a déjà circulé parmi les habitants, et ma dépêche du 10 juin (N.S.) vous enjoignait de la contredire de la manière la plus solennelle au nom de Sa Majesté. Mais on ne peut pas s'attendre que les habitants de la Nouvelle-Écosse ajoutent foi aux déclarations que vous pourrez faire à ce sujet quand ils verront qu'une partie de ce projet aura été mis à exécution par la déportation des habitants de l'un des districts de la province.


? Thomas Pelham-Holles, duc de NEWCASTLE, homme d'État, né le 21 juillet 1693, mort le 17 novembre 1768.
(4) Série C. O. 5, Vol. 901. - New England, fol. 136.




Source : GAUDET, Placide. Le Grand Dérangement : Sur qui retombe la responsabilité de l'Expulsion des Acadiens, Ottawa, Ottawa Printing, 1922, 84 p.